Le réseau des journalistes africains spécialisés sur le développement durable et le changement climatique a dévoilé aujourd’hui les résultats préoccupants d’un sondage lors de la 3e Convention annuelle des médias africains (CMA), qui se tient du 15 au 17 mai 2024. Cette enquête, menée du 10 au 13 mai, met en lumière les difficultés financières significatives auxquelles sont confrontés les journalistes couvrant les questions environnementales à travers le continent.
Sur les 150 journalistes interrogés, plus de 74,7% ont indiqué avoir abandonné ou réduit la couverture des sujets environnementaux en raison du manque de moyens financiers. Cette statistique alarmante révèle une crise pressante dans le secteur journalistique africain, soulignant les défis persistants auxquels sont confrontés ceux qui cherchent à rapporter sur des questions cruciales telles que le changement climatique, la pollution et la durabilité.
L’étude montre que 85,3% des journalistes estiment ne pas disposer des ressources suffisantes pour exercer leur métier correctement. Parmi les principales raisons invoquées figurent la pandémie de COVID-19, le déclin économique et l’absence de publicité. De plus, 82,7% des répondants ont fait état de difficultés financières au cours des trois dernières années, citant des problèmes comme l’inflation, les loyers élevés et la rareté des publicités.
En outre, près de la moitié des journalistes (44%) reconnaissent un manque de préparation intellectuelle pour aborder les questions environnementales, ce qui souligne le besoin urgent de formations spécialisées dans ce domaine. De plus, près des deux tiers des répondants ont été témoins de violations de la liberté de la presse au cours des trois dernières années, illustrant les risques inhérents à la couverture de sujets sensibles.
Malgré ces défis, il y a une lueur d’espoir : plus d’un quart des journalistes (26,7%) constatent un intérêt croissant du public pour les questions environnementales. Près d’un tiers (32,7%) identifient une demande accrue pour des sujets tels que le changement climatique, le développement durable et la biodiversité.
Ces résultats soulignent l’urgence d’une action concertée pour soutenir les journalistes environnementaux en Afrique. Alors que la crise climatique s’intensifie, il est impératif de garantir que ces voix continuent à informer et sensibiliser le public sur les enjeux environnementaux critiques auxquels le continent est confronté. La présentation de ce sondage, en pré-rapport, sera suivie de sa publication complète le 25 mai 2024.
La CMA, lancée en 2021 par l’East African Editors Forum et diverses organisations de l’ONU, est devenue un forum essentiel pour faire progresser la liberté des médias, l’innovation et la durabilité en Afrique. Cet événement, inspiré par la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée chaque année le 3 mai, met en avant cette année le thème «Une presse pour la planète : le journalisme face à la crise environnementale», soulignant le rôle crucial des journalistes dans la lutte contre la crise climatique.
Djami